La journée a bien commencé pour Cirdan. Il a en effet rencontré par miracle la meilleure amie de la petite sorcière qu'il attend depuis si longtemps, Justine ; Un miracle qu'il aime appeler Adélaïde. Oui, il sait qu'elle a tout prévu. Il sait que s'est elle qui l'a mené jusqu'à ce café et qui l'a fait s'asseoir à cette place. Toute sa longue vie, le sorcier chasseur ne s'est fié qu'à son instinct ; Un instinct guidé par l'âme de sa créatrice bien niché au fond de son cœur et de son esprit. Une âme qui le hante et qui lui dicte sa conduite.

Aujourd'hui, c'est son premier jour de cours. Cirdan s'est en effet trouvé une place dans la grande université de San Fransisco. Un des professeurs est tombé gravement malade ; Une maladie qu'aucun médecin ne sait expliquer...
Il marche d'un pas déterminé et rapide dans les longs couloirs, peu après que la sonnerie ai retentit. Un peu en retard, il tient fermement une mallette en cuire dans sa main droite et remonte ses lunettes sur son nez de sa main gauche avant de regarder l'heure sur sa montre. Habillé de manière cintré, pantalon noire et chemise noire, sans toutefois porté de veste, il parait bien plus sérieux et austère que tout à l'heure ; dans sa tenue décontractée de sport ; mais toujours aussi sombre, attrayant et incroyablement mystérieux.

« Bonjour tout le monde. Veuillez m'excuser pour mon retard. » Lance t-il une fois avoir passé la porte de sa salle, dans laquelle le silence se fait sans attendre. « Je suis M. Bennet, le remplaçant de M. Davos, votre professeur d'histoire et de phénomènes surnaturels. » Déclare t-il en se dirigeant vers son bureau afin d'y poser sa mallette ; Ignorant les regards surpris et insistants de ses nouveaux élèves.

Cirdan se retourne alors, scrutant l’amphithéâtre de ses yeux incroyablement ténébreux jusqu'à se figer sur une silhouette assise. Plutôt surpris, il hausse un sourcil en constatant la présence de Jane dans sa salle ; Adélaïde, encore. Cirdan dévie toutefois bien vite son attention afin que celles de ses camarades ne se tournent pas vers elle.
Il se tourne à nouveau vers le tableau afin d'écrire rapidement le planning de l'année.

« Bien, maintenant que les présentations sont faites, je tiens à vous prévenir que je ne suivrais pas le programme de votre ancien professeur. Je ne veux pas que... »
« M Bennet? » Lance un des élèves en se levant et en tendant la main bien haut.
Cirdan se retourne et pose ses yeux sur lui. « Oui? »
« M. Davos avait au moins le double de votre âge et de ce fait beaucoup plus d’expérience que vous en terme de pédagogie. Ne serait il pas plus judicieux de suivre le programme qu'il avait prévu? » Demande t-il à la surprise générale, culotté.
Le regard de Cirdan se rétrécit et s'assombrit quelque peu ; Si seulement ce gamin arrogant savait... « M. Davos, aussi intéressant et expérimenté soit-il, avait des idées bien arrêté sur le sujet du surnaturel. A t-il un jour émie des hypothèse autres que celle que vous lisez dans vos bouquins d'études? Qui, soit dit en passant, suivent un programme planifié par l'éducation nationale... » Répond le professeur, assuré.
L'élève plisse le nez, attendant quelques secondes avant de répondre, en cherchant ses mots. « Non en effet... Il disait même que croire au surnaturel paraissait irrationnel, superstitieux, archaïque et primitif. Parce que jusqu’à présent, le monde du naturel a su apporter des explications à de nombreux mystères, repoussant toujours plus loin les limites de l’inconnu : la psychologie sociale, la psychiatrie, la chimie, les mathématiques, la biologie, la médecine, la physique, l’astronomie, la géologie et l’histoire ont aidé l’humanité, ont protégé notre santé mentale et spirituelle et ont allongé notre durée de vie. » L'étudiant trop fière est malicieux devient provocateur, bien déterminé à enfoncer son nouveau professeur dès le premier cour. Ses lèvres se parent alors d'un sourire arrogant et son menton se redresse. « Alors, contrairement à M. Davos, saurez vous répondre à la question qu'ont se posent tous : Quelle est la preuve que le surnaturel existe, et qu’il a une quelconque influence sur nos vies ? Du moins assez pour en faire un cours... » L'élève regarde un instant ses amis, amusés par son petit jeu, avant qu'il ne reporte son attention sur Cirdan qui, aussitôt, captive son regard de ses yeux beaucoup trop sombres.
Il répond sans attendre et sans chercher ses mots car, lui, il les as déjà au bord des lèvres. « Vous faites la distinction entre le naturel et le surnaturel. Quand vous parlez de "naturel", je suppose que cela désigne un système logique et fermé, qui puisse être observé, mesuré et expliqué dans son intégralité. La qualification de "surnaturel" s’appliquerait alors aux phénomènes qui ne cadrent pas avec un tel système, soit parce que leur comportement n’est pas cohérent avec ce système, soit parce qu’ils sont en eux-mêmes inobservables, non mesurables ou inexplicables. » Il contourne son bureau et s’assoit sur le bord de ce dernier en croisant ses bras sur son torse, sans jamais quitter son regard. « Votre question porte donc sur l’existence de tels phénomènes. En vérité, la question inverse mériterait aussi d’être posée : avons-nous la preuve que tout phénomène est nécessairement explicable de façon rationnelle ? » A présent, c'est Cirdan qui hausse le menton ; Bien plus impressionnant que celui qui a osé le provoquer sur un sujet qu'il ne connait que trop bien.  « Méfiez vous des apparences M. Salvador, elles sont parfois trompeuses... M. Davos n'a pas été capable de répondre à votre question. Moi j'y répondrais à chacun de mes cours, soyez en assuré. » Le jeune homme est surpris d'entendre son nom de famille, en plus d'être bouche bée face à la réponse de son nouveau professeur ; Comme la majorité des élèves présent. Alors, sagement et s'avouant battu, il s’assoit en silence. « Bien! Commençons. » Lance Cirdan en se redressant et en remontant ses manches sur ses avants bras.

...

Le cours dure presque deux heures et Cirdan a sans aucun doute réussi a garder l'attention de ses élèves rivés sur lui. Il a répondu à toute les questions et a su aborder tout les sujets, satisfaisant parfaitement sa nouvelle classe ; Il s'avère prometteur pour la suite de l'année.
La sonnerie retentit à nouveau et, alors qu'il confirme la fin du cours et que les élèves commencent à ranger leurs affaires et à se lever, il lance en regardant sur son agenda.

« Ah oui. J'aimerais parler à Mlle. Ja... » Il s'interrompt subitement, surpris par le nom qu'il est entrain de lire sur sa feuille. Alors il lève son regard vers Jane avant de continuer. « ... Mlle. Jane Melark, s'il vous plait. » Il souffle doucement, prend la feuille dans sa main et ferme son agenda avant de le ranger dans sa mallette. Il contourne ensuite la table pour s'approcher de la jeune femme qui la rejoins. A présent, ils sont seuls dans l'immense amphithéâtre. Il la regarde et lui sourit, plutôt amicalement. « Et bien, c'est une surprise que de vous voir ici Mlle... M. Davos étant indisponible pour une durée indéterminée, je suis votre nouveau professeur référent. » Cirdan capte quelque chose dans son regard figé sur lui, un peu trop étrange. Il penche légèrement la tête sur le coté, intrigué et plutôt séduisant. « Cela vous pose un problème, Jane? » Demande t-il, insistant un peu sur son prénom.